Épices, Aromates

CRUSCHI
Au Sud de la Basilicata, Giuseppe Arleo cultive les fameux Peperoni di Senise IGP. Des poivrons de forme allongée et d’un beau rouge, qu’il fait sécher sur des cordes dans des pièces ombragées et ventilées et qu’il fait frire quelques secondes pour les rendre cruschi ce qui veut dire croquants. La première fois que je les ai goûtés c’était dans une pasta aglio e olio (ail et huile d’olive). L’ail était en train de frire dans l’huile d’olive lorsque mon amie Anna a jeté quelques petits poivrons qu’elle a écrasés dans sa main au-dessus de la poêle. Je ne m’attendais à rien. Je m’en souviens encore. Ces peperoni fritti sont doux avec un délicieux goût de poivrons caramélisés que j’adore. La Pasta ? C’était des spaghetti.

MENTHE SAUVAGE SÉCHÉE
Dans les produits que Boutheina Ben Salem* nous a ramenés à l’Epicerie, il y avait cette menthe sauvage. Cueillie et séchée par les femmes de son village. Là-haut, tout au Nord de la Tunisie, dans cette région que l’on appelle le Cap Bon. La menthe séchée on n’y pense pas. Sauf quand on sent celle-ci. Intense et douce. Presque sucrée. Au premier nez je me suis dit qu’évidemment je la mettrai dans le yaourt fouetté avec les concombres, une bonne huile d’olive, de la fleur de sel et un tour de moulin à poivre. Un tzatziki mentholé. *Boutheina est venue cuisiner à l'Idéal lors du Festival du Kouskous à Marseille. C'est un grand souvenir. Le dîner nous l'avions appelé "Conversations tunisiennes" et on en fera d'autres, pour continuer de raconter le goût de la cuisine de sa mère.

PIMENTON DE LA VERA doux
J’ai du Pimenton à l’épicerie pour une bonne raison, assaisonner le poulpe alla gallega. Mangé la première fois à la barra du Botafumeiro, le restaurant mythique de Barcelone. Certainement l’un de mes plats préférés au monde. Tout est ici question de cuisson juste. Cuire donc les pommes de terre à l’eau puis les tailler finement en tranches. Les poser toutes les unes à côté des autres. Faire un lit d’une seule couche. Rincer le poulpe cuit de la Maison Salanort ou cuire un poulpe cru dans les règles de l’art. Surmonter les pommes de terre de tranches de poulpe. Ajouter un beau filet d’huile d’olive, du pimenton fumé, et de la fleur de sel. Passer le tout au four à 200° pendant trois minutes seulement.

SUMAC
Un beau jour de printemps 2023, je rencontrais Magali. Elle me racontait ce que Manger ses souvenirs veut dire. Accrochant ces quelques mots à une photo de famille. Magali porte dans son cœur le goût du sumac et du zaatar sauvage. Cueillis en famille dans les montagnes du Nord du Liban. Ce jour-là, je goûtais le sumac avec les doigts. La sensation d’une poudre de baies qui n'aurait pas complètement séché. D'une belle acidité et d'une si grande fraîcheur ! Et quand le printemps approche j'ai envie de sumac sur les fromages frais, sur la ricotta de brebis avec un filet d'huile d'olive... Essayez le beurre fouetté au sumac aussi ! Avec des huîtres, sur une tranche de pain rôti. Le sumac va aussi très bien aux oignons frais ciselés que l'on pourrait servir avec l'agneau de sept heures et les pommes de terre confites, pour contrebalancer le tout.

BAIES DE SUMAC ENTIÈRES
Cette année Magali a rapporté de son Liban des baies de sumac entières séchées. La forme pure et non transformée de l'une des épices les plus anciennes et les plus utilisées dans la cuisine du Moyen-Orient. Cette baie acidulée et citronnée que l'on pourra faire infuser dans des huiles, des thés, en faire des sirops ou des glaçages.

ZAATAR
Je rencontrais Magali. Libanaise. Manger ses souvenirs. C’est Magali qui l’écrit. Accrochant ces quelques mots à une photo de famille. Magali porte dans son cœur le goût du sumac et du zaatar sauvage. Cueillis en famille dans les montagnes du Nord du Liban. Ce jour-là, je goûtais son zaatar avec les doigts. La sensation d’une herbe sauvage. Très sauvage. D’un beau mélange, avec le sésame blond et sel. Si intense que l’on ne voudrait le manger avec rien d’autre que de l’huile d’olive et du pain.